Publié le 3 janvier 2009
Sciences Po, l’Essec, chef d’entreprise à 23 ans, auteur d’Entreprendre avec sa différence… et non-voyant. Jérôme Adam démontre que le handicap n’est pas un frein à la réussite.
Jérôme Adam : Mon agence, Easy Life Conseil, est positionnée pour accompagner les entreprises et les institutionnels dans la mise au point de services et de produits qui simplifient la vie, le quotidien. L’autre axe de mon travail est de faire en sorte que ces produits soient accessibles à tous. L’origine de ma réflexion, c’est que le handicap est souvent une source d’innovation utile pour tous. En effet, savez-vous que la télécommande a été inventée à l’origine pour les tétraplégiques ? Et elle a ensuite été développée avec le succès que l’on sait… Ma volonté est de faire comprendre le handicap pour le gommer, mon concept vise à inclure les personnes handicapées au milieu de tout le monde. L’une des missions que j’ai menée, c’est un système de guidage dans le métro, via le téléphone mobile pour la RATP. Un peu comme un GPS. Bien sûr, cela peut aider les aveugles, mais c’est également destiné aux touristes qui ne connaissent pas l’alphabet latin ou ceux qui débarquent à Paris et ne connaissent pas du tout le métro. C’est un projet qui s’appelle Blue Eyes. Pour Microsoft, un autre de mes clients, mon activité consiste à proposer des solutions de mise en accessibilité des pages web, soit par le système Label Vue de traitement des contenus, soit en agissant sur la conception et la réalisation des pages. Là encore, ces problèmes de critères dépassent de loin les seules personnes handicapées. Sur un site conforme aux règles d’accessibilité, un internaute met un tiers de temps en moins à effectuer son achat.
J.A. : Je suis originaire de Reims. Je suis né en 1977, j’ai perdu la vue en 1992. J’ai passé deux ans à l’Institut National des Jeunes Aveugles pour apprendre le braille… J’ai passé le Bac, intégré Sciences Po en 95, j’ai fait l’Essec, je suis parti étudier aux Etats-Unis, à la Nouvelle Orléans. En 2000, en rentrant en France, j’ai créé la société Visual Friendly avec trois personnes, un éditeur de logiciels spécialisé dans l’accessibilité du
web. On a également développé la solution Label Vue qui permet à l’utilisateur d’adapter l’affichage des pages en fonction de ses besoins (tailles de caractère…). En 2005, j’ai écrit un livre Entreprendre avec sa différence (Editions DSR) qui sort ces jours-ci avec une préface de Renaud Dutreil, ministre des PME. Un livre qui explique comment transformer ses handicaps en force, en avantage. J’ai créé un cours à Sciences Po sur la création d’entreprise. Et en novembre 2005, j’ai créé Easy Life Conseil.
J.A. : Je voulais absolument des conseils sur le plan comptable et juridique. Bien choisir ma structure. Je voulais avoir un peu de recul sur mon business et je voulais également bénéficier de tout ce qui concerne l’AGEFIP. Je voulais gagner du temps. Chacun ses compétences, chacun son métier : moi, je voulais me concentrer sur mon cœur de métier. Et j’ai encore des chèques-conseils que j’utilise auprès de l’ADIL sur ces aspects-là. Je voulais rencontrer des professionnels qui me fassent gagner du temps. Et j’ai rencontré des gens réactifs, pros, qui m’ont fait gagner beaucoup de temps. J’avais des questions précises et j’obtenais des réponses carrées en face. Avec l’ADIL, on met les mains dans le cambouis, on aborde les choses de façon très concrète, l’objectif est de devenir opérationnel.
J.A. : J’ai choisi d’être accompagné par des consultants avec lesquels j’avais des rendez-vous réguliers. Comme j’étais demandeur d’emploi à l’époque, j’ai bénéficié de l’ACCRE et j’ai monté mon dossier avec l’ADIL. Comme mon dossier AGEFIP.
J.A. : L’ADIL a attiré mon attention sur les aspects juridiques que j’avais sous-estimés, mais aussi sur les coûts et les dépenses liés à la création et au développement de mon activité.
J.A. : En 1999, je commençais déjà à penser à ma boîte aux Etats-Unis. Mes parents sont producteurs de champagne, c’est un peu une culture familiale… Je pense que l’on est plus ou moins tous entrepreneurs. Après, ce sont les rencontres qui font que l’on passe à l’acte. Ou pas.
J.A. : C’est important pour la pérennité et il ne faut pas s’embarasser de ce pourquoi on n’est pas fait. Cela peut également permettre de rencontrer du monde, d’entrer dans d’autres réseaux. C’est un facteur clé de la réussite.
J.A. : Un seul ? (rires). Ne pas être parano et donc garder son idée, ne pas la partager. Il faut accepter de s’entourer et de déléguer pour rester centré sur son business.
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